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Journalistes et tech : une longue histoire de relations ambigües

3 août 2018

« Je t’aime, moi non plus » : pas si simples, les relations entre les journalistes et les technologies.


Au cours de ces trente dernières années, les relations entre les journalistes et les technologies ont été caractérisées par trois types de prises de position. Dans une analyse du discours des journalistes américains, s’étalant sur la période 1975-2001, Powers (2012) s’est intéressé aux tensions, incertitudes et contestations entourant les nouvelles formes technologiques nées dans la foulée des développement technologiques. Celles-ci se traduisent de trois manières :

déterministe, considérant que les développements technologiques sont inévitables et ont contribué à créer les conditions d’un travail spécifique et à renforcer des normes professionnelles existantes ;

réactionnaire, estimant que les développements technologiques représentent une menace car ils ne s’accordent pas avec les pratiques et valeurs professionnelles ;

positiviste, percevant les développements technologiques comme un levier permettant de réinventer le journalisme.

Dans une recherche consacrée au journalisme computationnel dans les rédactions norvégiennes, Karlsen et Stavelin (2014) explorent également trois voies pour comprendre la manière dont sont abordées les technologies dans le contexte de la production automatisée d’information : la résilience, observant que les nouveaux outils soutiennent des pratiques existantes ; la tension induite par des nouvelles formes de travail induites par les développements technologiques ; la réinvention du journalisme, induites par ces derniers.

En matière de production automatisée d’informations, ces trois types d’attitudes se préciseraient en fonction de trois postures  : l’enthousiasme, estimant que les processus automatisés vont libérer les journalistes de tâches répétitives et chronophages leur permettant de retrouver du temps pour un travail de terrain et/ou d’enquête ; le rejet, considérant que les systèmes de production automatisée d’informations constituent une menace directe sur l’emploi ; le déterminisme radical, s’inscrivant dans la perspective schumpéterienne de destruction créatrice, selon laquelle l’innovation va détruire le travail humain qu’elle automatise tout en créant de nouveaux emplois associés à ces technologies.


Références

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