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Des journalistes et des robots journalistes

29 mai 2017

Comment les journalistes parlent-ils des « robots journalistes » ? Une analyse basée sur les titres d’un échantillon de 259 articles publiés en ligne de 2010 à aujourd’hui.

tagcloudrobotjournalism

Début 2016, la génération automatique de textes en langue naturelle (GAT) était identifiée comme une tendance, à la fois dans le domaine du marketing (Gartner) et dans celui du journalisme (Reuters Institute). Les applications journalistiques de la GAT se sont développées en 2015 en France, au Royaume-Uni, en Chine, en Russie, en Suède et aux Maldives. En 2016, cette technologie a gagné la Norvège et s’est étendue en Allemagne et s’est étendue à la Finlande, au Royaume Uni, à l’Espagne et, dans le cadre de cette recherche, à la Belgique. Les expériences se multiplient dans le monde et le robot journalisme gagne du terrain sur des sujets essentiellement circonscrits à des données disponibles dans un format structuré (économie, sport, finances, élections,…). Du côté des audiences, l’outil Google Trends démontre que le phénomène intéresse encore peu d’internautes, même si les requêtes portant sur la locutions « robot journalism » peut désormais être quantifiée.


Côté contenus, le volume d’articles publiés dans les médias et sur les sites/blogs spécialisés suit doucement cette croissance. Mais comment les journalistes parlent-ils de ce phénomène ? Pour répondre à cette question, un corpus d’articles publiés en anglais et en français a été compilé pour couvrir une période de six ans, de 2010 à aujourd’hui. Ce corpus, qui n’a pas pour prétention d’être exhaustif, compte 259 articles, dont 103 en français.

 

 

Une analyse discursive a porté sur les seuls titres, qui constituent la face visible d’un article, que ce soit lors d’une requête sur un moteur de recherche ou lors du partage d’un lien sur les réseaux sociaux.

Trois questions ont été ici examinées :
– L’usage de la locution « robot journalisme » est-il une norme pour désigner un processus logiciel (niveau lexical) ?
– Quel est le ton utilisé : neutre, positif ou négatif (niveaux syntaxique et sémantique) ?
– Quels sont les thèmes sous-jacents, en se concentrant sur des aspects liés aux enjeux du phénomène de contenus générés de manière automatique : rapport homme-machine, notion de changement ou d’avenir, identité professionnelle, éthique et emploi (niveaux sémantique et pragmatique) ?

L’expérience montre que le sujet est majoritairement abordé de manière neutre (avec une tonalité positive sensiblement plus élevée – 19,3% – qu’une tonalité négative – 18,1%), que la question des enjeux est peu abordée, et que l’usage des termes « robot journalisme » ou « robot journaliste » est généralisé (en français et en anglais), bien qu’il s’agisse d’un usage métaphorique et que la locution « intelligence artificielle » soit de plus en plus utilisée fréquemment (« autres »). Dans l’ensemble, peu de de différences ont été observées entre les titres d’articles en français et les titres en anglais, à l’exception d’un espace francophone qui semble davantage préoccupé par les enjeux du phénomène (73,8% contre 68% pour l’espace anglophone).

 



Télécharger la note méthodologique et le modèle d’analyse (PDF)